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Le tour du monde en 80 jours...

 

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         Exactement cent ans après le "tour du monde en 80 jours" imaginé par Jules Verne, Christian Gallissian et Richard Lindor ont boulcé autour de la planète un circuit de 40000 km. En 80 jours. Et en Renault 5... C'était en 1972.

         EN RESUME: Christian, 28 ans, n'aime pas conduire en France. A fait précédement une randonnée de 140000 km à travers 70 pays. Richard : 33 ans, redoute de conduire en France. A sympathisé avec Christian un jour à Singapour. Ont accompli leur tour avec une R5 prêtée, dont le siège passager, modifié, pouvait faire couchette. Ont constamment roulé avec plus de 100 kg de surcharge. Si c'était à refaire avec le choix de la voiture ? Eh bien, ils reprendrait très probablement une Renault 5 !

 

A minuit, le 5 juin 1972, c'est un départ sur les chapeaux de roues. La nuit autorise une descente rapide de l'Allemagne et de la Suisse. Puis viennent la Suisse, la France et l'Espagne. Trente-six heures après avoir quitté Munich, nous touchons Algésiras pour embarquer sur le Ferry six heures plus tard. Nous quittons le bloc européen destination le Maroc sous l'oeil des mouettes qui, d'un coup d'aile majestueux, viennent une à une nous saluer.

La route qui mène à Adrar, porte du désert, est monotone ; rien à l'horizon. Nous faisons une moyenne incroyable de 120 km/h ; la chaleur commence à se faire sentir.

Le lendemain, sur la piste, nous doublons un Kombi V.W. qui semble se diriger vers le Mali. Nous sympathisons rapidement avec l'équipage hippy.

A partir de Reggane, nous attaquons le vrai, le grand desert. Mille kilomètres sans rien jusqu'a Tessalit, frontière du Mali, un souffre-douleur humain, la chaleur, le sable, la recherche de la piste, de jour comme de nuit. Dernières vérifications avant de se lancer dans l'aventure, sous l'oeil suspicieux des Arabes qui ne nous prennent pas très au serieux, avec si peu de garde au sol, c'est de la folie nous confie le chef de poste.

De plus, nous sommes très chargés : 150 litres d'essence, 20 litres d'eau, etc. Nous arriverons à Tessalit presque en panne d'essence, ayant fait une consommation de 14 à 15 litres. Après Gao, alors que nous faison route sur Niamey, au Niger, l'embrayage de la Puce lâche. Jacques se propose de nous remorquer jusqu'a Niamey (400 km) ; nous attachons la Puce à la V.W. Le lendemain matin, nous arrivons à Niamey. Vers les sept heures, nous contactons l'équipe Renault, et en trois heures l'embrayage est changé. La jungle commence ici (le Congo), les tranchées de boue aussi. Sur la route de Bangassou, le vase d'expansion explose. Nous le remplaçons par une gourde en plastique qui fera l'affaire jusqu'a Nairobi. Nous essuyons un orage africain qui nous cause des problèmes de visibilité.

Sur la route, nous traînons : l'équipe est épuisée ; la Puce se sent un peu fatiguée, même le passage de l'équateur ne nous amuse pas. En moins de quarante-huit heures, nous atteignons Nairobi, capitale du Kenya. Cette ville est située à une altitude de 1600 mètres. Le climat y est extraordinaire. Pays magnifique, aux nombreuses réserves d'animaux, aux fantastiques montagnes0. Nous touchons à 6 heures du matin Johannesbourg. Trois jours de retard, la bateau doit être parti du Cap depuis un jour... (mais il était aussi en retard.)

Nous avons gagné le pari, 20000 kilomètres en 22 jours

 

Buenos Aires.

Nous trouvons un petit hotel pas cher. Durant la nuit, j'ai de très gros accès de fièvre. La paralysie me gagne peu à peu. Au petit jour, j'ai l'air d'un cadavre. Richard avertit les responsables Renault et durant la matinée, docteurs et professeurs défilent devant mon lit. Ma tension baisse. Sur un brancard, je suis embarqué en ambulance et je sombre dans les nuages... Le voyage se termine pour moi. Richard est catastrophé : nous formions une très bone équipe. Une amie, Rosario, propose de jouer le copilote jusqu'a Lima.

Richard raconte : Me voilà sur la route tout seul. Car si la copine de Christian est jolie, je doute qu'elle soit très efficace lors des coups dûrs. Ne pouvant couper la cordillère des Andes par le Chili du fait d'enneigement, je prends la route de Bolivie. La piste défile et les heures passent. Je mets au courant Rosario du maniement de la Puce. Nous gagnons rapidement les pistes poussiéreuses. Seuls les indiens qui défilent attirés par cette voiture bizarre rappellent que nous sommes bien en Amérique du Sud.

Dans la nuit, alors que nous passons un gué avant le village de Laquinca, la Puce s'étouffe au beau milieu du ruisseau et s'arrête. Quel catastrophe ! L'eau monte. Après avoir ouvert le capot, en équilibre sur le rebord de la voiture, je nettoie vis platinées et carburateur. L'eau monte toujours et il n'est pas question que je mette les pieds dans cette eau glacée.Puis, deux coups de démarreur, et la Puce démarre.

Le lendemain, nous abattons en un temps record sur le plateau de Bolivie, plus de 500 kilomètres. Maintenant, nous nous élançons tout droit vers Lima. Plein gaz. De temps à autre, nous longeons le bord de mer. Nous sommes à Lima. La voiture a besoin d'une bonne mise au point ; je me debrouille pour trouver un logement à Rosario, puis se sont les adieux.

Jusqu'a Quito, je traverse plantations de bananes après plantations. De nuit , j'ai des ennuis avec la pompe à essence que je répare rapidement.

Richard se fait ensuite voler tout son argent...

 

Je trouve par chance, à l'intérieur d'un portefeuille qu'a oublié Christian, 10 dollars. Dix dollars c'est peu pour continuer mon voyage. Dernière solution : le jeu.

Sur les quais, j'ai pu apercevoir les dockers panaméens qui, le chapeau à la décontract', jouaient à la passe anglaise. Les dès roulent, les mains sont sûres, les lancées précises. Personne n'a remarqué mon arrivée. Je mise mes 10 dollards et les dés sont partis.... 140 dollards. Je décide de me retirer. Me voilà armer pour aller jouer au Casino ce soir. D'entrée je dépose sans réfléchir 10 dollars sur le 3, car nous sommes le 3 août. La roulette tourne : Three win. Un choc au coeur, je viens de gagner 360 dollars. Ma décision est prise : 360 +130 = 490 dollars, c'est assez pour finir mon voyage jusqu'à New York.

A minuit, je plie bagage, range la Puce et me voilà reparti. Au passage, un salut au pont du Panama, qui enjambe le fameux canal et, d'une traite, car je n'ai pas sommeil, je roule sur le Costa Rica et dans l'après midi, j'arrive à San José, après le très mauvais passage du col de la Mort à 3600 mètres.

A la sortie de San José, un auto-stoppeur, Yan, de Londres, remonte sur les Etats Unis. Présentation faite, je lui enseigne comment on mani la Puce.

Nous attaquons le Mexique, car la Puce ne peut plus supporter la montagne. Le sol rouge mexicain brille sous le soleil de plomb et les taches blanches des villages au loin sont amusantes. On touche au but. A Dallas, Yan me quitte. Je roule sur New York où le France m'attend. Au Havre, Christian est là et en pleine forme, je suis très ému de le revoir. La Puce sort triomphante du France, cela fait 78 jours que nous sommes partis et pour la dernière étape de 1500 km, nous avons deux jours pour rejoindre Munich. Le soir du 24 août, à minuit moins vingt, nous pénétrons dans Munich, avec 1 heure et 20 minutes d'avance.

Mission accomplie, monsieur Jules Verne.

 

 

 

 

 

 

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